Aujourd’hui, le gouvernement français lance une campagne de prévention des accidents du travail visant à sensibiliser l’opinion publique. Voici les 5 chiffres essentiels à retenir pour évaluer les efforts nécessaires dans ce domaine.
Olivier Dussopt, ministre du Travail, souhaite provoquer un choc chez l’opinion publique avec cette campagne de prévention des accidents graves et mortels au travail, intitulée "Responsabilité de l’entreprise, vigilance de tous". Il estime qu’il est inacceptable que, en 2023, des décès surviennent encore au travail en raison de la négligence ou du manque de prévention.
La campagne met en avant des statistiques alarmantes : deux décès par jour et 100 blessés par an résultant d’accidents professionnels. En avril 2022, la première phase de ce plan, prévu jusqu’en 2025, avait été révélée. La campagne de sensibilisation actuelle s’inscrit dans le cadre de cet enjeu majeur en matière de justice sociale.
Bien que les chiffres enregistrés en France avant le Covid restent inférieurs, ils ont tout de même connu une augmentation de 12 % entre 2020 et 2021 dans tous les secteurs, selon les récentes études menées par l’Assurance Maladie. Malgré la nette diminution de ces accidents pendant de nombreuses décennies après les années 50, les chiffres actuels montrent une réticence à baisser, ce qui explique l’attention particulière que le gouvernement actuel accorde à ce problème.
D’après les rapports établis par l’Assurance Maladie et la MSA (mutuelle sociale agricole), les travailleurs les plus vulnérables restent les nouveaux embauchés, les intérimaires, ainsi que les travailleurs détachés. En raison d’un manque de formation ou de leur situation précaire, chaque année, on déplore encore près de 700 décès sur leur lieu de travail ou pendant l’exercice de leurs fonctions. Il est important de noter que ces chiffres ne tiennent pas compte des accidents survenant lors du trajet domicile-travail ni des maladies professionnelles. Ils étaient encore plus de 800 en 2019.
En 2021, l’Assurance maladie a rapporté un total de 604 565 accidents, parmi lesquels 39 000 étaient graves et 696 étaient mortels. L’année précédente, en 2020, on avait enregistré 540 000 accidents du travail, avec 550 cas mortels, excluant les accidents de la route. Cependant, les données les plus récentes indiquent que l’indice de fréquence en France a connu une baisse, passant à environ 34 accidents pour 1 000 salariés en 2020, par rapport à 50 au début des années 2000.
Certaines données laissaient entrevoir une amélioration récente. Par exemple, les chiffres publiés par l’ANACT (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de vie au travail) montrent une baisse de 11 % des accidents de travail impliquant des hommes entre 2001 et 2019. Cependant, il est à noter qu’au cours de la même période, le nombre de femmes impliquées dans de tels accidents a augmenté de 41,6 %, passant de 172 682 en 2001 à 244 558 en 2019.
Selon les données d’Eurostat, la France présente le taux le plus élevé d’accidents mortels du travail, atteignant 3,53 pour 100 000 salariés. Cependant, il convient de noter que la manière dont les pays comptabilisent les accidents de travail varie, ce qui nécessite une approche prudente lors de l’utilisation de ces données. La Dares, le service de statistiques du ministère du Travail, s’abstient donc de créer des comparaisons directes.
Par ailleurs, au printemps 2022, la Confédération européenne des syndicats a lancé un manifeste cosigné par plusieurs ministres et eurodéputés, ayant pour objectif l’élimination des accidents du travail mortels au sein de l’Union européenne d’ici 2030. Selon leurs estimations, il serait possible de prévenir jusqu’à 30 000 accidents du travail d’ici cette date, dont près de 7 000 rien qu’en France.